Pour comprendre Camel Zekri, il faut regarder ses deux faces. La guitare, Camel Zekri a commencé à l’apprendre en famille, en Algérie. Tout le monde jouait le diwan, musique composée de chants et de percussions. « Tout le monde pouvait participer, il n’y avait pas de jugement. Cela m’a appris l’endurance : on jouait parfois toute la nuit ». Parti pour la France, c’est ensuite au conservatoire qu’il poursuit son apprentissage : « C’est un travail précis, rigoureux et personnel. Je m’en sers tous les jours. » Lorsque pour le festival, il vient dans le 93 à la rencontre de jeunes de toutes les origines, il constate sa chance d’avoir eu la musique pour cultiver sa double origine. « Je ne me suis jamais posé de questions sur mon identité. Ici, certains enfants sont coupés de leurs racines, et je vois les dégâts que ça fait parfois. C’est un peu comme être élevé par un seul de ses parents ». Ce qui lui donne une raison supplémentaire de vouloir casser les murs qui freinent les échanges culturels. Notamment en organisant des concerts. Mais face aux difficultés administratives pour obtenir les visas, le guitariste s’indigne. Il lui a parfois fallu une année d’efforts pour justifier de la venue de musiciens africains qui voulaient venir travailler en France. « Pourquoi parler de francophonie si on empêche les artistes de venir en France. Ceux que je connais partent tous aux Etats-Unis », rage-t-il. Pour lui, ce genre de difficultés se pose aussi entre pays africains : « Pour me rendre à N’Djamena (Tchad) à partir de Niamey (Niger), j’ai du passé par Paris, j’ai pris douze heures au lieu d’une ! »
Mais conscient des liens culturels qui unissent les différents peuples du continent, il s’est engagé à briser les frontières. « Moi, mes chants traditionnels sont dans une langue que je ne comprends plus. » D’anciens esclaves déportés d’Afrique noir, ses ancêtres parlaient le Hejmi. Et c’est allant au Niger que le musicien a appris le sens de ce qu’il chantait.
Décidé à ne pas s’enfermer culturellement, il le prouve au festival puisque qu’il sera en concert avec des musiciens Mozambicains le 15 novembre à Aubervilliers.
Aziz Oguz
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