La dernière période des grandes réalisations architecturales, dans les années 70, tient compte des erreurs du passé. Pour rompre avec l’image de la banlieue dépendante du centre ville, l’État décide de construire des villes de toutes pièces, atteignant 250 000 habitants au moins. Cergy-Pontoise, Saint-Quentin-en-Yvelines, Marne-la-Vallée, Évry et Melun-Sénart vont bientôt sortir de terre. On propose de briser le triptyque « métro-boulot-dodo » en créant en même temps un centre de développement économique et des équipements de loisirs sur place. Malheureusement, la crise économique éclate au milieu des années 70. L’éclatement des espaces de banlieue est devenu inéluctable. Les couches les plus pauvres restent dans les grands ensembles des périphéries proches ou s’exilent dans les enclaves urbaines éloignées les moins reliées à la ville (comme Clichy-sous-Bois, qui ne bénéficiera jamais de la structure autoroutière prévue). Au contraire, les cadres et employés supérieurs retournent en centre-ville ou s’installent en zone périurbaine dans un cadre champêtre. 50 000 logements par an, surtout des pavillons, se construisent dans les années 80 dans les zones zone périurbaines françaises. Les logiques de ségrégation s’emportent : la mauvaise image des cités due aux malfaçons et au manque d’entretien conforte le sentiment d’abandon des habitants. Elle se répercute sur l’activité commerciale, mais surtout sur les écoles des quartiers, décisives pour envisager toute nouvelle installation. Les informations véhiculées sur les banlieues se propagent rapidement en rumeurs. Exemple en 1983. La perspective de relogement d’Africains noirs et maghrébins habitant à proximité de la gare de Lyon dans un foyer de Poissy a contribué à la poussée du racisme dans les usines Talbot, puis dans la ville toute entière. Idem en 1987. Le bruit court que plusieurs ménages des « 4000 » de La Courneuve viendraient s’installer dans la petite ville de Domont, au nord de Sarcelles. Cela provoque la dévaluation de beaux logements sociaux qui venaient juste d’être construits dans une nouvelle zone d’aménagement concerté, soudain perçu comme un futur « foyer pour immigrés » et un prochain « repère de drogués ». Certains habitants vont même jusqu’à revendre leur logement. C’est l’heure des premières luttes contres les images fausses sur les habitants des cités. Fini le mutisme résigné acceptant les amalgames, les jeunes enfants d’immigrés nés et élevés en France veulent montrer leur vrai visage, sociable et citoyen. Premier grand "coup de gueule" en 1983, à la suite d' « étés chauds » dans le quartier des Minguettes, à Vénissieux en banlieue lyonnaise. Une Marche pour l'égalité et contre le racisme, baptisée « marche des beurs », part dans l’indifférence de Marseille avec 32 jeunes pour aboutir à une manifestation de 100 000 personnes venues à Paris témoigner de leur volonté d'être des Français "comme les autres".
Pour Prise Directe
Bonjour,
Je voulais attirer votre attention sur un ouvrage à paraître de Mr Gerin, maire communiste de Vénissieux, appelé « Les Ghettos de la République ».
Nous avons mis en place un blog présentant quelques extraits de la réflexion de Monsieur Gerin qui permettra aux lecteurs de réagir et d’exprimer leurs opinions. http://lesghettosdelarepublique.blog.20minutes.fr/
J’espère que vous voudrez bien y participer.
Cordialement
Les Editions des 4 chemins
Rédigé par : nicolas | 21 février 2007 à 15:09