Le film Entre les murs de Laurent Cantet (sorti en salle le 24 septembre) qui a reçu la Palme d’Or au dernier festival de Cannes, fait beaucoup parler de lui. La déferlante médiatique de la Palme fait son œuvre et on ne compte plus le nombre d’articles dans la presse ou d’interviews télévisés consacrés aux élèves de la classe star du collège Françoise Dolto (XXème arrondissement à Paris), qui jouent dans le film de manière très sincère leur propre rôle. Car, aussi bien le professeur, François Bégaudeau, qui a écrit le livre dont s’est inspiré le film, que les élèves acteurs amateurs, transpirent le réel : la colère de se sentir incompris et qui s’exprime parfois par la violence verbale et physique, ou le sentiment que l’on n’a pas à sa place à l’école de la république. Même si le film tend à trainer un peu en longueur et que l’intrigue est quasi inexistante, car il s’agit plus de scènes de vie de classe filmées à la manière d’un documentaire, Entre les murs a le mérite de soulever certaines interrogations quant au bon fonctionnement de notre système éducatif.
En effet, pour avoir moi-même étudiée dans un collège en ZEP, on n’enseigne pas de la même manière à des élèves issus de quartiers difficiles qu’à des élèves parisiens des quartiers aisés. C’est ici la principale difficulté à laquelle est confrontée François, jeune professeur dans un collège parisien difficile.
Le fossé culturel entre les élèves et le professeur est évident, mais François ne baisse pas les bras et s’entête à vouloir transmettre le savoir. Le dialogue n’est pas toujours évident et la barrière de la langue est parfois un obstacle supplémentaire. Ce film nous dresse également les portraits attachants de jeunes, partagés entre la rue et l’école, leurs origines dont ils sont fiers et les valeurs françaises qu’ils ont parfois du mal à comprendre. Mais eux non plus ne baissent les bras et heureusement le désir d’apprendre est souvent plus fort que toutes les barrières.
Les images sont montrées sans parti pris, pas de victimisation des élèves, et pas de complaisance non plus pour le professeur souvent seul contre toute une classe, et même en salle des profs où il n’a guère de contact avec ses collègues aussi dépassés que lui. Quand j’ai regardé ces images, j’ai parfois eu une impression de déjà vu, la réalité est rendue au plus près, les attitudes, les mots, les bruits de bouche tout y est. Le livre de François Bégaudeau rendait bien également cette ambiance de classe qui m’était si familière. J’ai appris récemment que le film était sélectionné aux cérémonies des Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger. Ainsi « Entre les murs » devrait représenter la France au monde, une France aux multiples origines et au franc parlé que l’on n’a que trop rarement l’occasion de voir d’aussi près.
Magali
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