L’isolement social, les discriminations, de plus en plus marqués, provoquent des montées de révoltes et de violences. La présence policière, dont les interventions sont vécues comme un surcroît d’injustice, déclenche les premières grandes émeutes urbaines en France, dont celle de 2005 sera la plus forte. L’histoire bégaye inlassablement ses variations autour du scénario de Vaulx-en-Velin, deuxième acte de naissance de la crise des banlieues après celui de 1983. En 1990, dans cette ville de banlieue lyonnaise, une moto se renverse au niveau d’un barrage de police qui cherche à la stopper. La mort du passager, un jeune handicapé, déclenche la colère des jeunes de Vaulx-en-Velin. Des affrontements avec la police ont lieu, suivis d’un incendie et de pillages du centre commercial. Dès lors, l’image de la violence ne cessera de coller à la peau des banlieues, grossie par l’effet loupe des médias. Dans un sondage réalisé par la SOFRES en 1999, les trois quarts des Français estimaient que l’insécurité était « très préoccupante », voire « extrêmement préoccupante », alors qu’ils ne sont plus que 13 % à penser la même chose sur leur propre quartier. « Dans la fabrication de la peur et des représentations négatives, les médias sont loin d’être innocents, explique Hervé Vieillard Baron, géographe spécialiste des banlieues. Les quartiers sensibles sont intéressants pour les médias parce qu’ils permettent de mettre en avant des faits spectaculaires : voitures brûlées, affrontements avec la police, courses poursuites ». Parallèlement, de nouvelles voix sur la banlieue se font entendre. Certaines chaînes, comme France 3, adoptent une déontologie pour traiter des problèmes de quartier. Travail en amont, recoupement des informations, refus de se contenter des images violentes y sont de mise. Mais surtout, les habitants deviennent soucieux d'améliorer leur image abîmée, avec l’idée de redonner une vision positive grâce à un regard intérieur aux cités. En cela, les années quatre-vingt-dix marquent un grand tournant dans le type de documentaires consacrés aux banlieues. Les Tarterêts, la banlieue sans haine, un documentaire réalisé par une association de la cité des Tarterêts à Corbeil-Essonnes, laisse entendre une langue de banlieue inventive, passionnée et pleine d'humour.
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