À première vue, il semble inconcevable que ce jeune gaillard discret de vingt-quatre ans fasse vibrer le cœur de centaines de supporters chaque week-end. Pourtant, le Red Star 93 Football Club, club de Saint-Ouen, qui évolue en CFA (équivalent de la quatrième division), attire encore les foules en raison de son passé prestigieux et des valeurs de courage et d’effort qu’il véhicule. « Ce sont les valeurs du milieu ouvrier », revendique Vincent Fourneuf, et ce fils d’un maçon et d’une cuisinière les connaît bien. Ce qu’il connaît aussi et surtout, c’est le foot. Ce foot où il est tombé tout petit, suivant l’exemple de son père, ancien joueur de l’USMA, l’autre club de Saint-Ouen. Ce foot auquel tout le monde joue dans son quartier. Surtout, ce foot qu’il pratique depuis l’age de neuf ans au Red Star, où il a franchi toutes les étapes : des poussins à la section sports-études jusqu'à devenir aujourd’hui un maillon essentiel de la défense audonienne et le capitaine de l’équipe.
Refaire briller l’Étoile Rouge
« Le football c’est ma vie », confie Vincent. Exagéré ? À peine, car bien que titulaire d’un bac pro comptabilité, il ne se voit pas un jour sortir du monde du ballon rond, et lorsqu’il ne chausse pas les crampons, c’est pour suivre les matches de ses copains de l’équipe réserve, ceux du PSG, ou bien lire France Football. Il se souvient des entraînements où, encore gamin, il admirait les exploits de ses aînés qui dans les années quatre-vingt-dix avaient mené le club à la porte de l’élite jusqu’à la récente dégringolade sportive et financière. Depuis, son souhait le plus cher est de faire remonter son club au même niveau. Il se souvient aussi des matches au quartier Ampère ou il vit toujours, des « quatre contre quatre où on taclait sur le béton », et continue de temps en temps à y taper le ballon. Étrange paradoxe qui veut que le footballeur voulant évacuer la pression se ressource en jouant au foot.
« Le public incroyable »
Il croit au foot car « quand tu joues, il n’y a plus de religion, de couleur de peau, on court tous dans le même sens », nous explique celui qui passe ses diplômes d’entraîneur pour s’occuper d’équipes de jeunes. Sans doute pour leur faire partager son amour pour ce sport dont il condamne avec lucidité les dérives, notamment celles de certains supporters aux inclinations violentes et au front très national. Mais il ne fait pas l’erreur d’assimiler le comportement de quelques ignares haineux à celui des vrais supporters. Ceux du club de son cœur, qu’il les croise au stade Bauer ou dans les rues de Saint-Ouen et auxquels il rend un hommage éloquent : « on a un public incroyable, qui nous suit partout et qui est très varié, on y voit d’ailleurs de plus en plus de femmes ». À ce sujet d’ailleurs, qu’en est-il ? Vincent est toujours célibataire. Mais son cœur semble pourtant bien assez gros pour contenir deux passions .
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