Quel est le rapport entre Epinay-sur-Seine et Jean-Jacques Rousseau, l'un des écrivains-philosophes les plus importants du XVIIIe siècle, le siècle des lumières ? Vous ne voyez pas? Alors vous serez d'autant plus étonnés d'apprendre qu'il s'agit d'une histoire de jardinage!
Rousseau aimait se rendre à Epinay-sur-Seine, il y passait beaucoup de temps. Il chérissait cette ville pour son cercle littéraire fréquenté par bon nombre de philosophes mais aussi pour ses paysages et ses parcs qu'il avait l'habitude de contempler pendant des heures et qui lui ont inspirés certaines de ses histoires comme La Nouvelle Eloïse. Les jardins d’ Epinay étaient de type français, c’est-à-dire qu’ils étaient faits pour être regardés à partir de terrasses. Les promeneurs admirait leurs reliefs et leur disposition. Mais ils ne déambulaient pas entre les arbustes et les haies découpés pour former des motifs et soigneusement taillés pour que rien ne dépasse le Roi en hauteur.
Rousseau qui était parti en Angleterre en avait rapporté l'idée de jardins interactifs. Dans ces espaces entièrement aménagés par la main de l'homme, la règle est de planter tout ce que l'on veut même des arbres très hauts puisque les arbustes n’ont pas à être plus petits que le Roi. De plus, des sentiers et des chemins permettent de s'y promener. Inspirés par les histoires des voyageurs anglais revenus d'Orient et d'Asie avec des espèces d' arbres, de végétaux encore inconnues des européens et de nouvelles idées pour aménager les parcs, ces jardins à l'anglaise ont rapidement connu le succès.
A Epinay-sur-Seine, de nombreux riches collectionneurs importaient des arbres des quatre coins du monde pour aménager leurs jardins. Bertau, un grand paysagiste français, a réalisé à Epinay un jardin planté de hêtres pourpres ingénieusement placés pour donner au visiteur une impression de profondeur (arbres clairs au début puis de plus en plus sombres). Des statues de griffons, sortes de créatures mythiques en forme de lion ailé à tête d'aigle, y étaient installées pour faire peur et surprendre les gens le long des sentiers courbes. Il y avait également des cabanes qui servaient au repos des promeneurs un peu comme les chalets à la montagne.
Aujourd’hui, bien qu'ils soient correctement entretenus, les jardins d'Epinay ne sont plus que des vestiges. Les statues et les petites cabanes ont disparu, mais avec un peu d'imagination on parvient a se représenter tout cela. La prochaine fois que vous vous promenez dans le parc des Béatus ou dans le parc Gourau, passez donc voir les vieux jardins et essayez, vous verrez !
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