Prise Directe

Orgemont à la Ferme

Un berger, des moutons, des vaches, dans le quartier d’Orgemont à Epinay/Seine, c’est normal ? Oui, puisque c’est le thème de la ferme qui a été retenu pour la fête du quartier les 20 et 21 septembre derniers. « On a constaté une méconnaissance du monde rural, notamment chez les plus jeunes, c’est un moyen d’y remédier et de rapprocher les générations » nous explique la responsable de l’organisation de l’événement. Les visiteurs ont donc eu l’occasion de boire un coup au «  Bar à lait », en écoutant «  la plus bath des javas » jouée à l’orgue de barbarie pendant que les plus jeunes s’initiaient à la poterie ou à la bourrée auvergnate en sabot. C’est donc dans ce cadre champêtre entre les tours de béton, que Prise Directe avait son stand installé afin de rencontrer tous ceux que prendre la parole et s’exprimer intéresse. Bref on a fait de la pub. Avec succès dirons-nous puisque nous avons fait des rencontres et nous espérons que de nouvelles voix s’exprimeront bientôt sur ce blog. Les habitants du quartier semblaient en tout cas ravis, surtout les plus petits vers qui les animations de la fête étaient plutôt orientées, comme le spectacle de Guignol. Enfin malgré le ramadan beaucoup n’ont pas hésité à s’exposer à la tentation d’une bonne crêpe, sans toutefois céder. Tout ça pour dire que la fête était réussie, le public présent et satisfait. Voici donc un petit aperçu en image avec quelques mots du maire d’Epinay et de participants à la fête.

Réalisé par Nicolas

 

Fete de orgemont
envoyé par prise-directe

"Entre les murs" ou la "vraie" vie d’un collège difficile

Le film Entre les murs de Laurent Cantet (sorti en salle le 24 septembre) qui a reçu la Palme d’Or au dernier festival de Cannes, fait beaucoup parler de lui. La déferlante médiatique de la Palme fait son œuvre et on ne compte plus le nombre d’articles dans la presse ou d’interviews télévisés consacrés aux élèves de la classe star du collège Françoise Dolto (XXème arrondissement à Paris), qui jouent dans le film de manière très sincère leur propre rôle. Car, aussi bien le professeur, François Bégaudeau, qui a écrit le livre dont s’est inspiré le film, que les élèves acteurs amateurs, transpirent le réel : la colère de se sentir incompris et qui s’exprime parfois par la violence verbale et physique, ou le sentiment que l’on n’a pas à sa place à l’école de la république.  Même si le film tend à trainer un peu en longueur et que l’intrigue est quasi inexistante, car il s’agit plus de scènes de vie de classe filmées à la manière d’un documentaire, Entre les murs  a le mérite de soulever certaines interrogations quant au bon fonctionnement de notre système éducatif.

En effet, pour avoir moi-même étudiée dans un collège en ZEP, on n’enseigne pas de la même manière à des élèves issus de quartiers difficiles qu’à des élèves parisiens des quartiers aisés. C’est ici la principale difficulté à laquelle est confrontée François, jeune professeur dans un collège parisien difficile.

  Le fossé culturel entre les élèves et le professeur est évident, mais François ne baisse pas les bras et s’entête à vouloir transmettre le savoir. Le dialogue n’est pas toujours évident et la barrière de la langue est parfois un obstacle supplémentaire. Ce film nous dresse également les portraits attachants de jeunes, partagés entre la rue et l’école, leurs origines dont ils sont fiers et les valeurs françaises qu’ils ont parfois du mal à comprendre. Mais eux non plus ne baissent les bras et heureusement le désir d’apprendre est souvent plus fort que toutes les barrières.

 

Les images sont montrées sans parti pris, pas de victimisation des élèves, et pas de complaisance non plus pour le professeur souvent seul contre toute une classe, et même en salle des profs où il n’a guère de contact avec ses collègues aussi dépassés que lui. Quand j’ai regardé ces images, j’ai parfois eu une impression de déjà vu, la réalité est rendue au plus près, les attitudes, les mots, les bruits de bouche tout y est. Le livre de François Bégaudeau rendait bien également cette ambiance de classe qui m’était si familière. J’ai appris récemment que le film était sélectionné aux cérémonies des Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger. Ainsi « Entre les murs » devrait représenter la France au monde, une France aux multiples origines et au franc parlé que l’on n’a que trop rarement l’occasion de voir d’aussi près.

Magali

Georges Vigarello: "Le sport de haut-niveau confirme des différences sociales marquées selon la discipline pratiquée"

  

Nos sportifs sont rentrés des Jeux Olympiques avec pas moins de 40 médailles!  Un record. Mais combien de médailles ont ramené nos champions de Seine-Saint-Denis? Ils en totalisent six pour cette 29^ème olympiade. Un bon résultat pour le département, avec à l'honneur: la gymnastique, teawkendo, la lutte, et le judo. Que dire de plus? Que le département du 93 est « dynamique », comme nous le confirme Georges Vigarello, directeur de recherche à l'Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales et spécialiste du sport de haut niveau. Interview.

Est-ce qu'on peut dire qu'il y a un lien entre l'origine sociale et la pratique d'un sport?

Bien sûr qu'il y un lien. Des sociologues ont parfaitement montré, par exemple, que l'origine sociale des pratiquants de golf et de tennis est davantage favorisée que celle des pratiquants de lutte ou des sports de contacts. 

Pouvez-vous préciser ce lien ?

Oui, dans les pratiques sportives il y a des distinctions. Exactement comme il y a des distinctions dans les pratiques culturelles. Les ouvriers fréquentent peu le théâtre, mais plus le cinéma. Les pratiques sportives sont aussi des pratiques culturelles. Elles sont donc liées à des situations sociales à des imaginaires sociaux, des manières de voir son corps, de le qualifier de lui donner des qualités etc.

Peut-on dire qu'il y a dans le haut-niveau des « sports mixtes » où l'on retrouve des personnes de différentes origines sociales ?

C'est difficile. Je pense qu'il y a des pratiques où se croisent davantage de classes sociales. Je pense au marathon aujourd'hui.

Cette discipline transcende-t-elle les origines sociales ?

Oui, un peu. Cela dit, il faudrait voir de près. Je crois que le marathon de haut niveau continue à être une pratique plutôt d'origine populaire. En revanche, dans un marathon comme celui de New-York, les origines sociales se croisent beaucoup.

La composition sociale de l'équipe de France des Jeux Olympiques est-elle à l'image de l'ensemble des licenciés ? 

Le sport de haut-niveau confirme en général ce que j'ai dis tout à l'heure: des différences sociales marquées. C'est très net. L'origine sociale de ceux qui font du tir à l'arc et de la gym est différente. Même au niveau de la sélection olympique. Ça n'a pas tellement évolué. Je crois que les distances restent.

Dans le sport de haut niveau de Seine-Saint-Denis est-ce qu'on verra des sportifs s'illustrer dans des disciplines jusque là peu pratiquées, en raison de leurs origines sociales. Est-ce que ça peut évoluer?

Mais évidemment que ça peut évoluer. Exactement comme peuvent évoluer les fréquentations de certains lieux... Mais pour l'instant les distances sont encore grandes.

Avec six médailles olympiques, pour la Seine-Saint-Denis; est-ce qu'on peut dire que le département est dynamique?

C'est un département dynamique. Je crois que les infrastructure sont assez bonnes. Simplement, il favorise certaines disciplines par rapport à d'autres.

Par exemple les sports de combats, avec deux médailles en lutte, et une en teawkendo ?

Voilà, c'est clair. Et c'est très intéressant de voir que les classes, disons moins favorisées, s'investissent davantage dans les sports de combat.

Est-ce que l'impact médiatique des Jeux Olympiques peut avoir une incidence sur la pratique des sports ?

Oui. On a toujours constaté que la forte présence d'un sport dans les médias a de l'influence au niveau de l'inscription des jeunes dans les fédérations.

Une expérience menée il y a quelques années, montrait clairement que la mise en scène du volley-ball dans des séries télévisées faisaient augmenter le nombre d'inscriptions. 

Avec plus d'adhérents on peut faire plus de champions alors?

En théorie. Mais après il faut voir si les gens acceptent de se livrer à des entraînements extrêmement  rigoureux. Le fait qu'il y ait plus d'inscriptions n'est pas forcément lié au fait qu'il y ait plus de champions.

En revanche, c'est vrai que l'image et sa présence sur les écrans a des effets sur les goûts et les volontés de s'inscrire.

 

Entretien mené par Najib Tsouria-Bélaid

Lien : http://www.iiac.cnrs.fr/cetsah/spip.php?article35