Rappelez-vous 1971. Épinay, c'est le lieu de naissance du Parti Socialiste. Ségolène Royal, en pleine campagne pour les législatives, ne pouvait pas passer à côté de ce symbole. Pour Prise Directe, c'était le moment de faire le point sur ce qui reste d'Épinay à Épinay, mais aussi de débattre sur la carte scolaire avec l'organisateur de la visite, Yannick Trigance, délégué national du PS sur les questions d'éducation.
C’est à Yannick Trigance que l’on doit l’info la plus étonnante de ce début de siècle : « Le congrès d’Épinay-sur-Seine a eu lieu à Épinay-sur-Seine ». Incroyable, non ? Cela méritait d’être précisé car si le Festival de Cannes se déroule bien à Cannes, la fête de l’Huma ne se déroule pas, comme certains esprits faibles pourraient le penser, à l’Huma, mais au parc de La Courneuve. J’entends déjà d’ici les remarques désobligeantes des plus railleurs d’entre vous : « Mais on s’en fout ! ». Certes, l’intérêt de cette révélation reste limité. Cependant elle a le mérite d’éclipser notre échec total de samedi. Effet flash-back…. Ce matin-là, nous trépignions sous nos jolis vêtements, excités à l’idée de tenter d’approcher et d’interpeller une femme politique de premier ordre (enfin, disons plutôt très médiatisée, donc difficile d’accès). Nous nous affairions à élaborer une tactique d’attaque subtile afin d’interroger l’ex-candidate sur le symbole que représente la ville d’Épinay pour le PS. Le plan était presque parfait et chacun avait un rôle prédéfini : cameraman, interviewer, éclaireur, etc. Pour ma part, je fanfaronnais gaiement, prétendant à qui voulait l’entendre que grâce à une ancestrale technique d’arts martiaux, je serais en mesure de gratifier Ségolène Royal d’un french kiss et d’une claque sur le cul. Finalement, la foule amassée autour des six gardes du corps d’un fort beau gabarit rendait la dame en rouge inaccessible. Mais c’était sans compter sur la dextérité et l’abnégation de notre chef, Jean-Baptiste, grand stratège, véritable Raymond Domenech de l’interview politique. Car faisant fi du danger, il parvient à s’extirper de la masse et, à portée de voix de notre cible, l’interpelle avec une franchise digne de Michael Moore : « Puis-je vous poser une question ? ». Royal lui répond : « Oui, à la conférence de presse tout à l’heure. » Inutile de dire que notre bien-aimé patron n’a pas eu droit à une ovation au sortir de sa tentative. D’ailleurs, devant la suffisance affichée par Ségolène Royal, nous avons décidé de ne pas nous rendre à la conférence de presse qui se donnait à Saint-Ouen, car nous avons notre fierté, notre honneur, notre déontologie, et pas de voiture pour la suivre. Fin du flash-back. Ce fut en tout cas une riche expérience de se retrouver autour de dizaines de militants socialistes et de journalistes qui attendaient de la voir passer pour l’acclamer telle une rock star. Ce traitement, Jospin n’y a pas eu droit en 2002. À un moment, elle est même montée sur une voiture pour saluer tout ce beau monde et faire voir son grand sourire. D’ailleurs, depuis le 6 mai 2007, à chaque apparition, elle exhibe une belle tête de vainqueur, comme si elle avait gagné le tour de France. Doit-on lui rappeler qu’elle a fait le pire score de la gauche au deuxième tour depuis 1965 (si l’on exclut 1969 et 2002, où la gauche n’était pas présente) ? Pas de quoi pavoiser… Au fait, pourquoi était-elle présente à Épinay ? Elle venait soutenir le candidat socialiste Bruno Le Roux, mais ça tient presque de l’anecdote.
Nicolas
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