Président de l’association pour les handicapés du Cameroun (AHC), Alain-Gérard EBELLE-EYOUM nous présente son association, consacrée à l’amélioration de la situation des handicapés et de la question du handicap au Cameroun.
pour contacter Alain-Gérard EBELLE-EYOUM: [email protected]
Comment la question
de l’handicap est-elle perçue au Cameroun ?
Le handicap est vécu comme une catastrophe au Cameroun, et lorsque l’on a un enfant handicapé, il sera parfois délaissé car on considère que c’est une peine perdue. Ceux qui s’en sortent sont rares. De plus le problème vient aussi de la personne invalide, qui se lasse et se décourage par manque de soutien et devient mendiant. Mais si on a perdu ses jambes, on peut faire avec sa tête. J’ai eu la chance de pouvoir aller à l’école mais je suis un cas très isolé. L’accès au monde scolaire, du travail, de la culture est très difficile. De plus la vie quotidienne des personnes handicapées est infernale par manque de moyens ? Ainsi la question du déplacement est cruciale. La plupart d’entre eux ne possède ni fauteuil roulant ni même un tricycle. 80% se traînent donc le cul par terre et fabriquent un « traîneau », c’est une sorte de planche à roulettes où ils se déplacent à quatre pattes. Mais même si l’on est équipé, il est impossible de parcourir une longue distance car on n’a pas accès aux moyens de transports.
Quelles solutions
préconise votre association ?
Il est d’abord nécessaire de fournir un soutien d’urgence sous forme de prothèses, de fauteuils de gants pour améliorer la vie quotidienne. Nous sommes à la recherche de sociétés ou de particuliers susceptibles de nous apporter leur soutien. Les 21 et 22 décembre 2007 aura lieu au Cameroun un grand concert de soutien et un défilé de mode dont les mannequins seraient des personnes handicapées. Un match de foot sera organisé et on attend la participation de stars du football camerounais. Cette manifestation marquera le point de départ de notre action qui sur le long terme vise à construire un centre de formation et d’encadrement pour permettre une meilleure insertion dans la vie active. Il s’agit aussi de travailler en collaboration avec le pouvoir politique en proposant des systèmes de carte de transport, le développement de véhicules adaptés. C’est dans l’intérêt de l’Etat de faciliter l’insertion des handicapés. Il est nécessaire d’attribuer une allocation à ceux qui ne peuvent pas travailler afin de pouvoir vivre décemment et ne pas sombrer dans la mendicité. Nous voulons dialoguer avec l’Etat sans tomber dans le bras de fer.
Y’a-t-il eu malgré
tout une évolution au Cameroun ces derniers temps ?
Je crois que les gens sont quand même de plus en plus conscients du problème. Le bénévolat augmente et certains politiques comme Tobbo EYOUM-THOMAS ou Mme FOUNNING se sont engagés pour cette question mais seulement en leur nom propre, l’Etat ne fait strictement rien, les moyens sont entre les mais de certaines personnes et personne ne veut s’impliquer pour cette cause parce que la question est un peu tabou. Malgré les évolutions un handicapé est toujours considéré au Cameroun comme un éternel assisté, un parasite et qui si on commence à aider un peu, on en sortira jamais. Mais c’est en permettant leur insertion dans le milieu professionnel que le regard des gens changera. C’est aussi à la personne handicapée de se battre. Moi je me suis battu et j’ai pu m’en sortir grâce à la musique mais même si on est bon dans son domaine pour se faire accepter il faut être encore meilleur lorsque l’on est handicapé.
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