Moi aussi, j'ai dû écrire un papier sur l'événement de l'année 2009 pour une prépa aux concours des écoles de journalisme. La certitude que j'en ai tiré est qu'il n'est pas facile de choisir. J'ai finalement jeté mon dévolu sur la guerre de Gaza (janvier 2009), que je publie ci-dessous, et pour vous c'est quoi l'événement de l'année?
Après le tir de centaines de rockets, et la mort le 27 décembre 2008 d'un israélien, le gouvernement d'Ehud Olmert lance, le même jour, l'opération « plomb durci » sur la bande de Gaza. La guerre s'arrête, à la suite de 22 jours de combat, le 17 janvier 2009. Selon l'organisation israélienne de défense des droits de l'homme, plus de 1000 palestiniens et une dizaine d'israéliens sont tués.
C'est une guerre de plus qui rappelle cruellement que le conflit israélo-palestinien, qui dure depuis 1948, est loin d'être finis. Après ces événements tragiques, une chose est sûre: le processus de paix est dans une impasse.
Alors, à qui la faute? Est-ce à cause du blocus imposé par Israël sur la bande de gaza? A cause des tirs de rocket du Hamas? Pourquoi la trêve n'a pas été reconduite? A cause de l'un? De l'autre? Les deux camps ont parfois des raisons qui se valent, qui s'expliquent. Mais, comme le dit l'historien palestinien Elias Sambar, cette guerre est le résultat « d'un pourrissement constant sur le terrain ».
En 2005, l'armée israélienne se retire de la bande de Gaza, conquise en 1967, pour la plus grande joies des Gazaouis. En janvier 2006, le mouvement islamique gagne triomphalement les élections législatives devant le Fatah, notamment à Gaza. Mais un problème se pose puisque le Hamas, qui a une branche armée, ne reconnaît pas l'existence de l'état d'Israël. Considéré comme une organisation terroriste par la plupart des pays occidentaux, notamment ceux de l'Union Européenne, ces derniers décident de bloquer les subventions accordés à l'administration palestinienne. En 2007, à la suite d'une guerre fratricide contre le Fatah, le Hamas prend militairement le contrôle de la bande de Gaza. Depuis, Israël met littéralement ce territoire en quarantaine.
Il est vital de rappeler quelques données pour comprendre cette guerre. L'enclave palestinienne compte plus d'1,5 millions d'habitants, dont 1 millions de réfugiés, pour une superficie de 362 kilomètres carrés (3 fois Paris), soit environ 4000 habitants au km².
Minuscule, ce territoire devient un immense camp de réfugiés, vivant sous perfusion humanitaire, grâce à l'aide de l'ONU.
Les moyens des deux belligérants sont inégaux: l'armée la mieux puissante du Proche-Orient fait face à une milice de quelques milliers d'hommes. La démonstration est impressionnante: Israël lance d'abord une offensive aérienne, puis une offensive terrestre à partir du 3 janvier. Il est manifeste que le gouvernement d'Ehud Olmert veut montrer sa puissance au Hamas mais aussi à son opinion publique: les élections législatives, qui ont lieu en février, sont très proches. Malgré quelques manifestations, notamment à Tel-Aviv (10 000 personnes le 3 janvier) , les israéliens supporteront dans leur ensemble l'action de leur gouvernement. La guerre était nécessaire dans leur esprit: tolérer les rockets n'était plus possible.
Israël étalera sa puissance au monde entier mais perdra la guerre de l'image et donc celle de l'opinion publique mondiale. L'armée commet une importante bavure le 6 janvier. Elle bombarde une école de l'ONU et tue des dizaines d'enfants. Elle tente de s'expliquer arguant qu'elle ne faisait que riposter à des tirs ennemis mais, voilà rien n'y fait, ce sont d'innocents enfants qui sont tués... D'ailleurs, la guerre de Gaza ne suffira pas au parti travailliste (gauche) d'Ehud Barak, ministre de la défense, et au Kadima (centre) de Tzipi Livni, ministre des affaires étrangères, de gagner les élections puisque c'est le Likoud (droite) de Benyamin Netanyahou, avec l'aide de l'extrême-droite, qui sortira vainqueur en février.
Cette guerre soulève également le problème du Hamas. Esther Benbassa, directrice d'études à l'école pratique des hautes études, dans une tribune au monde le 14 janvier, pose une question essentielle: « Pourquoi exiger des Palestiniens qu'ils élisent démocratiquement leurs représentants puis refuser de traiter avec ces représentants élus au prétexte que ce n'est pas ceux-là qu'on attendait ? »
Boycottés, marginalisés, le Hamas est devenu aujourd'hui un interlocuteur acceptable et même incontournable. Il est sorti renforcé de ce conflit. Le nouveau président des États-unis d'Amérique, Barack Obama, se dit prêt à parler avec le mouvement islamisque même si il impose certaines conditions. Lors de son discours du Caire, il affirme que le « Hamas doit mettre fin à la violence, reconnaître les accords passés et reconnaître le droit à l’existence d’Israël ».
Cette
guerre montre bien à quel point le processus de paix
israélo-palestinien est fragile, difficile et tortueux: la paix ne
se fera pas en un jour. En février 2009, les Israéliens ont permis
à une coalition entre la droite de Netanyahou et l'extrême-droite
de Avigdor Lieberman d'accéder au pouvoir. Le Hamas ne veut toujours
pas reconnaître l'existence de l'état d'Israël. Même si la
configuration semble inextricable, l'histoire humaine est parfois
imprévisible: en novembre 1989, le mur de Berlin tombait à la
surprise générale, et plus récemment, un noir était élu
président d'un ancien pays esclavagiste.
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