Assemblée générale ce jeudi midi 12 février dans l'amphithéâtre Richelieu de La Sorbonne.
"Si nous devons nous mobiliser, c'est pour l'évolution des universités, pour l'éducation de nos enfants, pour l'avenir de l'éducation nationale" s'est exclamé un professeur d'histoire de Paris I en ouvrant les discussions. Face à la réforme sur le statut des enseignants chercheurs que prévoit la ministre de l'éducation nationale pour la rentrée 2009, c'est la deuxième fois qu'étudiants et enseignants se réunissent pour revendiquer leurs diverses inquiétudes. "La programmation de la disparition d'épreuves aux concours constitue le levier de la mobilisation, car celle-ci est au centre du système éducatif"lance Renaud Malavial, maître de conférence d'espagnol à Paris IV. "Nos professions sont méconnues, ne sont pas comprises" estime celui-ci.
Enseignante de Lettres Classiques à Paris IV, Virginie Bruiker craint quant à elle que la disparition de la cinquième année (Master) de stage en alternance rémunérée ne soit un gros danger et "favorise la précarisation des métiers des enseignants du primaire au secondaire".
Une autre inquiétude se fait sentir concernant la volonté principale de l'État de faire des économies, c'est notamment celle que ressent Aurélien, étudiant militant au NPA préparant l'agrégation de Lettres Classiques. " Ce projet de loi favorise une politique de la sélection sociale, c'est ça le plus scandaleux" déclare le jeune homme. En effet, seulement 40% des étudiants aujourd'hui ont accès au Master.
Face à leurs revendications, les enseignants ont écrit et voté trois motions prévoyant les grandes lignes de leur mobilisation. Une volonté de faire pression sur la ministre naît de ces motions, car celles-ci permettent de faire élargir le mouvement.
Un mouvement créatif et inventif comme principe de grève active.
Une fois la grève votée par les enseignants, c'est au tour des étudiants de voter. Bras levés à l'unanimité!
Professeurs comme élèves sont pour la mise en place d'une grève active, c'est à dire remplacer les heures de cours classiques annulés par des ateliers de discussions diverses ou autres types d'activités constructrices. "On attend beaucoup des étudiants, ils doivent nous aider à rassembler beaucoup de monde et organiser la grève active avec nous" a déclaré un professeur d'anglais. Des propositions ont déjà été faites. Certains pensent à donner des cours sur la désinformation au jardin du Luxembourg, ou dans des amphithéâtres libres. D'autres pensent à se servir de leurs oeuvres littéraires au programme pour faire des parallèles avec la société actuelle, comme l'abus de pouvoir de Richard III, de Shakespeare. Les étudiants en musicologie ont même songé à organiser des chorales afin de chanter leur mécontentement.
"Nous ne sommes pas des figurants, nous sommes tous enseignants"
D'autres acteurs tout aussi importants à l'existence et au bon fonctionnement des universités, cependant plus discrets, sont aussi concernés par la réforme. Ce sont les personnels "BIATOSS", ingénieurs, administratifs, techniciens, ouvriers, bibliothécaires, documentalistes, ou encore personnels de service des universités. Ceux-ci sont en effet "les oubliés" de la réforme alors qu'ils représentent un tiers du personnel total de l'université. Certains travaillant à La Sorbonne étaient présents à l'assemblée générale afin de revendiquer leur existence et leurs droits. "Je voudrais dire à Dame Pécresse que nous ne sommes pas des figurants, nous sommes tous enseignants, et nous souhaitons nous faire entendre!" s'est exclamé Françoise, documentaliste à Paris IV.
Si les enseignants ressentent déjà une certaine division entre les différentes universités créée par la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) votée en août 2007, ils désirent s'unir dès à présent contre cette nouvelle réforme pour éviter de creuser cet écart. Alain Ralet, professeur de philosophie à Paris I constate qu'il y a une réelle prise de conscience au sein des universités puisque soixante-trois d'entre elles en France se sont déjà rassemblé pour exprimer leur mécontentement."C'est un moment extraordinaire et historique que nous vivons" explique t-il, déterminé. "Il ne faut pas le briser car cela risque de jamais plus se reproduire" poursuit-il.
Demain vendredi 13 février est donc un jour crucial pour les enseignants chercheurs: sont attendus devant le ministère de l'éducation nationale une forte mobilisation lors de la cérémonie nationale de non remise de maquettes, assorties de "cœurs" comme autant de preuves d'amour au ministre Valérie Pécresse.
Fanny Texier
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