Prise Directe

Rado "Moi je prends le RER: il faut sortir de la cité. Si tu restes là t'es foutu "

RER chatelet
envoyé par prise-directe

Sujet réalisé par Jerry N'Joh et Nicolas François

2e volet de notre travail sur Cachan. La mobilité de Rado ne peut être qu'encouragée, qu'on soit en cité ou non d'ailleurs. Ici Paris est  considéré une sorte de monde parfait ou "les flics ne sont pas la pour te faire chier" et ou " tout est plus joli'. Certes l'idéalisation est peut etre un peu poussée, mais on voit que la capitale represente surtout ici un grand bol d'air. Cela souleve une dimension importante de la question des cités : le cloisonnement.

lire la suite

Nicolas

"Ça tourne !" à Epinay : 1er Forum des métiers du cinéma

Entre Epinay et le cinéma c’est une histoire qui date ! Plus précisément depuis 1907, année de l’installation des laboratoires « Eclair » par Charles Jourjon et Ambroise-François Parnaland, inventeur et fabricant de films et d’appareils cinématographiques. En moins de cinq ans, la société va se hisser au troisième rang du cinéma mondial, faisant d’Epinay une des villes majeures de cinéma français.

Même si aujourd’hui cette gloire relève plutôt du passé, il n’en demeure pas moins que la Seine-Saint-Denis reste le département où le cinéma et l’audiovisuel tiennent la plus grande importance : on pense notamment aux d’enregistrements TV de la Plaine-Saint-Denis. Et c’est justement pour informer les jeunes du département, lycéens et étudiants, qu’a été crée le « Forum des métiers du cinéma », car aussi étonnant que cela puisse paraître, ces formations attirent peu de jeunes banlieusards.

Les 16 et 17 novembre derniers se sont donc tenus à l’Espace Lumière d’Epinay sur Seine, le premier forum du genre en Ile-de-France.

Un espace du forum était dédié à la formation, et des écoles publiques et privées étaient présentes : l’Ecole nationale supérieure Louis Lumière, SAE Institute Paris, le lycée Suger, CIFACOM, Altermédia, EICAR, et l’Ecole d’Orly. Dans le même temps un large programme de conférences animées par des professionnels était proposé et on y discutait sur des thèmes aussi variés que le doublage, l’adaptation littéraire, les métiers du son et de l’image, du cinéma d’animation, etc…

On également été proposé des ateliers de maquillage d’effets-spéciaux où petits et grands (merci Sarah !) pouvaient se faire poser une balafre ou une coupure sanguinolente… Des comédiens amateurs de la Maison du Théâtre et de la Danse étaient également présents pour jouer avec dynamisme des scènes cultes du cinéma français tirées de La kermesse héroïque de Jacques Feyder, A nous la liberté de René Clair, Cuisine et Dépendances de Philippe Muyl , Le Père Noel est une ordure de Jean-Marie Poiré et A bout de souffle de Jean-Luc Godard. Le tout ponctué de projections de courts-métrages et d’archives de « Gaumont Pathé », ainsi que des cessions d’initiation aux métiers d’acteurs et du doublage. Pour finir, des cascadeurs professionnels faisaient leur show au gymnase Léo Lagrange.

Durant deux jours, l’ensemble du forum a attiré pas moins de 2300 curieux que l’univers du cinéma fait tant rêver, et on espère les retrouver l’année prochaine pour une nouvelle édition du « Forum des métiers du cinéma ».

Magali

Hommage à Ali, le coeur de La Source

Dans la cité de La Source à Epinay-sur-Seine, tout le monde s'abreuvait chez lui. En achetant des boissons dans son épicerie, bien entendu, mais les habitants venaient aussi étancher leur soif de générosité, de chaleur humaine, de culture et de poésie. Depuis qu'Ali Zebboudj a été tué, tout le quatier s'est asséché. A Prise Directe, nous n'avons pas pris le parti de faire échos au fait divers, sordide. Comme les habitants du quartier, nous avons tenu à rendre hommage à un homme d'exception.

Alimentation générale 1
envoyé par prise-directe

Alimentation générale 2
envoyé par prise-directe

Sujet réalisé par Magali, Bojan, et Farah

Un rapport accablant sur les banlieues

Alors que l'on vient de célébrer le bicentenaire de la Cour des Comptes, celle-ci a rendu public le 7 Novembre dernier un rapport accablant sur la mauvaise gestion des fonds destinés aux banlieues depuis 5ans. Il s’agit entre autres de dysfonctionnements, de retards de paiement aux associations, d’enchevêtrement et de lourdeur des dispositifs, de désengagement de l’Etat avant les émeutes de Novembre 2005, de manque de clarté et d’inconstance des politiques de la Ville. Cette dernière est en effet en échec depuis 5ans : un rapport datant de 2002 pointait déjà les dysfonctionnements.

Quelle issue ? La Cour des Comptes propose de créer un ministère d’Etat qui ne subirait aucun changement pendant une décennie afin de donner « un cadre stable à la Politique de la Ville et d’en évaluer les résultats. » , à noter que depuis 1990, 19 ministres ou secrétaires d’Etat ont été en charge de la Politique de la Ville, comme le rappelait le Parisien. L’actuelle secrétaire d’Etat, Fadela Amara, doit présenter en Janvier un nouveau plan banlieue…affaire à suivre.

Alé Sall

Questions devant le Champion

A Cachan, dans le quartier de la Plaine, beaucoup de jeunes "glandouillent" devant le Champion. Et quand une des élues responsables de la jeunesse vient faire ses courses, il y a débat sur le bilan de l'action de la ville. Attention, dialogue de sourd, entre mauvaise foi et vérités bonnes à dire.

Cachan2
envoyé par prise-directe

Reportage réalisé par Nicolas et Jerry
Un échange bien intéressant, un dialogue spontané entre deux acteurs de la vie locale. Les deux intervenants avaient été quelques minutes avant interrogés séparément. Les uns nous confiaient leur dégoût profond, l’autre sa satisfaction quant aux résultats obtenus par le conseil municipal (on aura compris qui pensait quoi…). Mais la confrontation des deux points de vue opposés menait les deux parties à modérer quelque peu leur propos tout en conservant leur position. Plusieurs remarques quant à ce passage. C’était peut être une des premières fois dans le reportage que les sujets filmés oubliaient un peu la présence de notre caméra pour se livrer à un dialogue sincère et passionné. Une preuve que les élus ne sont pas insensibles aux problèmes des jeunes, mais aussi que ces derniers ne se désintéressent absolument pas de la politique, d’ailleurs les sujets d’actualité politique ont souvent été abordés dans d’autres parties du film. Quant débat, ce qui frappe c’est l’incompréhension qui semble résider entre les deux intervenants. Les uns reprochent à la mairie de ne rien faire pour les jeunes, l’élue prend des exemples d’actions effectuées en leur faveur, mais ces dernières ne sont pas considérées comme digne d’intérêt par les principaux intéressés. La mairie de Cachan est-elle particulièrement maladroite, les jeunes de mauvaise volonté ? La conseillère municipale, plus à l’aise dans son élocution, semble pencher vers la seconde solution. Mais ce jeune homme particulièrement véhément à la fin du passage nous confiait pourtant avoir un travail stable, et être  donc mieux loti que la plupart de ses camarades. Il continue cependant à penser que l’espoir d’une vie meilleure est compromis. La multiplication des organismes sociaux n’y fait rien. Et l’arrivée du skatepark attendu depuis dix ans, semble malheureusement une bonne nouvelle bien dérisoire.
Nicolas

Les yeux d’Elsa

 

Elle s’appelle Elsa. Ses mensurations sont idéales : un mètre d’envergure pour 60 centimètres de long. Mais qu’on ne s’y méprenne pas. Cette petite curieuse a été conçue pour surveiller les quartiers. Et pour cause : Elsa est un drone. La police nationale entend s’en servir pour contrôler les grands rassemblements et les violences urbaines. Mais pour faire bref, ce dispositif de reconnaissance soulève trois questions. 1) Trouver des applications civiles à un engin conçu pour intervenir sur des théâtres d’opération militaires contribue-t-il à apaiser les esprits ? 2) Elsa, qui survolera les villes à 150 mètres de haut, est-elle une manière de rompre avec la police de proximité ou de reconnaître l’incapacité des forces de l’ordre à intervenir physiquement sur tout le territoire ? Force est de constater que dans un contexte militaire, ce genre de drone est envoyé dans des zones considérées comme dangereuses pour l’homme… 3) Qu’apporte ce genre de matériel alors que les réseaux fixes de vidéosurveillance sont déjà pas mal développés ? Certains maires de Seine-Saint-denis se sont déjà prononcés sur la question. La semaine prochaine, nous rencontrerons Hervé Chevreau, le maire d’Epinay-sur-Seine, pour qu’il nous livre son analyse.

Rousseau aux racines d'Epinay

Quel est le rapport entre Epinay-sur-Seine et Jean-Jacques Rousseau, l'un des écrivains-philosophes les plus importants du XVIIIe siècle, le siècle des lumières ? Vous ne voyez pas? Alors vous serez d'autant plus étonnés d'apprendre qu'il s'agit d'une histoire de jardinage!

Rousseau aimait se rendre à Epinay-sur-Seine, il y passait beaucoup de temps. Il chérissait cette ville pour son cercle littéraire fréquenté par bon nombre de philosophes mais aussi pour ses paysages et ses parcs qu'il avait l'habitude de contempler pendant des heures et qui lui ont inspirés certaines de ses histoires comme La Nouvelle Eloïse. Les jardins d’ Epinay étaient de type français, c’est-à-dire qu’ils étaient faits pour être regardés à partir de terrasses. Les promeneurs admirait leurs reliefs et leur disposition. Mais ils ne déambulaient pas entre les arbustes et les haies découpés pour former des motifs et soigneusement taillés pour que rien ne dépasse le Roi en hauteur.

Rousseau qui était parti en Angleterre en avait rapporté l'idée de jardins interactifs. Dans ces espaces entièrement aménagés par la main de l'homme, la règle est de planter tout ce que l'on veut même des arbres très hauts puisque les arbustes n’ont pas à être plus petits que le Roi. De plus, des sentiers et des chemins permettent de s'y promener. Inspirés par les histoires des voyageurs anglais revenus d'Orient et d'Asie avec des espèces d' arbres, de végétaux encore inconnues des européens et de nouvelles idées pour aménager les parcs, ces jardins à l'anglaise ont rapidement connu le succès.

A Epinay-sur-Seine, de nombreux riches collectionneurs importaient des arbres des quatre coins du monde pour aménager leurs jardins. Bertau, un grand paysagiste français, a réalisé à Epinay un jardin planté de hêtres pourpres ingénieusement placés pour donner au visiteur une impression de profondeur (arbres clairs au début puis de plus en plus sombres). Des statues de griffons, sortes de créatures mythiques en forme de lion ailé à tête d'aigle, y étaient installées pour faire peur et surprendre les gens le long des sentiers courbes. Il y avait également des cabanes qui servaient au repos des promeneurs un peu comme les chalets à la montagne.

Aujourd’hui, bien qu'ils soient correctement entretenus, les jardins d'Epinay ne sont plus que des vestiges. Les statues et les petites cabanes ont disparu, mais avec un peu d'imagination on parvient a se représenter tout cela. La prochaine fois que vous vous promenez dans le parc des Béatus ou dans le parc Gourau, passez donc voir les vieux jardins et essayez, vous verrez !

Tous à la cité de l'immigration !

Comme le Musée du quai Branly, la Cité de l'immigration, dont les portes s'entrouvrent gratuitement ce week-end, a été conçu pour racommoder les français et faire l'éloge de la diversité. Pas de chance, juste au moment où une loi sur l'immigration est en cours de vote, ce musée new-age entraîne plutôt la polémique. Dommage, aussi, que ce lieu naisse dans la douleur, alors qu'il pourrait contribuer à casser l'une des plus grandes illusions entretenues dans les manuels scolaires. Brice Hortefeux, le ministre de l'immigration, regrette peut-être que l'on ne récite plus par coeur "nos ancêtres les gaulois" dans les écoles, mais il va falloir s'y faire. Les Français d'aujourd'hui descendent de 13% des personnes qui vivaient dans notre douce France de 1789. Chiffre qui illustre bien le renouvellement historique des générations dans notre pays. Et dans la catégorie "statistique", notons également cette donnée. Si la France n'avait pas eu recours à l'immigration, le pays souffrirait d'une grave crise démographique, avec une population vieillissante de 45 millions d'habitants  au lieu des 60 millions actuels. Puisse ce musée, à l'avenir, servir de pense-bête aux écervelés : notre pays n'a pas attendu le tourisme de masse avant d'accueillir des populations de tous les horizons, et d'en tirer d'énormes bienfaits.

Cité de l'immigration: http://www.histoire-immigration.fr/index.php?lg=fr&nav=567&flash=0

Cité nationale de l’histoire de l’immigration
Palais de la Porte Dorée
293, avenue Daumesnil 75012 Paris, Métro Porte Dorée

Augustin Legrand sur les banlieues

Quand il s'y met, le chef des Enfants de Don Quichotte est un vrai moulin à paroles. Mais il ne s'anime jamais pour du vent. Sa mobilisation de l'hiver dernier contre le mal-logement a débloqué un milliard d'euros de fonds d'Etat pour loger les sans-abris. Selon lui, la forme de son action, essentiellement médiatique (on se souvient des tentes plantées le long du canal Saint-Martin), est exportable en banlieue pour résoudre les problèmes qu'on y vit. On l'écoute, en attendant avec impatience vos commentaires.

AL
envoyé par prise-directe

Jean-Marie Petitclerc sur la délinquance : "Je crois qu'un placement d'une semaine à 12 ans vaut mieux qu'un placement d'un an à 17"

Jean-Marie Petitclerc
envoyé par prise-directe

L’association le Valdocco de Jean-Marie Petitclerc nous ouvre ses portes dans un bureau d’un petit immeuble à Argenteuil. L’homme répond volontiers à nos questions et s’anime lorsqu’on aborde le sujet de l’éducation des jeunes. Jean- Marie Petitclerc à 54 ans cumule plusieurs casquettes, tout d’abord celle de prêtre catholique de l’ordre des salésiens, celle de polytechnicien, enfin celle d'expert en éducation dans les zones sensibles. Son mentor, Jean Bosco, un prêtre italien de la fin du XIX ème siècle qui lui a donné envie de se consacrer à la vie religieuse. Ses écrits sur l’éducation des jeunes défavorisés et des ouvriers de Turin, qui vont inspirer le Père Petitclerc. Il devient éducateur spécialisé et applique ses méthodes d’éducation en créant un club de prévention à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), puis quelques années plus tard avec le Valdocco à Argenteuil et en septembre septembre 2004, il ouvre une annexe à Tassin-la-Demi-Lune, une ville de la banlieue lyonnaise. Mais il ne s’en tient pas là puisqu’il est également chargé de mission au conseil général des Yvelines, et depuis peu, conseiller au cabinet du Ministère de la Ville tenu par Christine Boutin,‘’une manière pour les politiques de se rapprocher du terrain’’, nous assure t-il. Les méthodes d’éducation du prêtre visionnaire Jean Bosco ont beaucoup influencé Petitclerc, mais pour être lui-même l’auteur de nombreux ouvrages sur le sujet, il défend sa propre vision de l’éducation des enfants et il n’hésite pas à se déplacer dans les quartiers difficiles où, par le biais de son association et grâce au soutien des collectivités locales, il assure avec son équipe d’éducateur, un lieu d’écoute et de partage avec les habitants des quartiers. Quand on le questionne sur ses liens avec le gouvernement, il nous répond que selon lui ‘’prévention et répression vont ensemble’’ et ‘’qu’on a trop souvent tendance à opposer ses deux termes’’. Pour lui, la prévention se fait sur place en apportant une aide de proximité aux jeunes en difficulté et à leur famille, et la répression quant à elle, doit être stricte dès le premier délit pour empêcher la récidive et l’aggravation des délits commis.

Najib et Magali